15. Des Côts en Loire (1808-1868)

En 1808 en Indre-et-Loire, des Côts sont présents un peu partout. Une cinquantaine de communes sur une centaine documentées déclarent sa culture pour le vin.
Ces Côts se dénomment selon des variantes infimes et sans grande signification. La majorité est dite caux (cault, caut, caulx), cos ou , coq, quau, quelquefois nommément « Cahors, caux ou coq », rarement pié noir peut-être aussi noir tendre.
Toutes ces graphies sont locales, communales et désignent un cépage (un Sortogroupe) très répandu, introduit à une date indéterminée de Cahors (ou du Quercy) où il a été enregistré, en langue d’oïl, sous le nom d’Auxerrois.

Guy Lavignac explique ce nom comme issu non de celui de la ville de Bourgogne (Auxerre) comme on le croit généralement, mais d’une Sélection obtenue au château de Hautessere, proche de Cahors, ce qui est plus satisfaisant pour l’esprit.
Auxerrois (adjectif substantivé) serait la transcription en français standard d’Autserrés en langue vernaculaire.

Les variantes graphiques en au , issues de Cahors, relevées dans la Loire, sont pour leur part, une transcription d’une voyelle longue à l’oral. Le ô de Côt en garde le souvenir. Ce ô peut aussi marquer la contraction de Cahors › cors › côt.

Côt désigne un Sortogroupe (ou cépage-population aux très nombreuses variations) mais Auxerrois, de Sélection (Autserés) au départ, est aussi devenu au fil du temps un Sortogroupe régional, synonyme sur place de Cahors. Malbec a suivi le même chemin dans le Bordelais. Aujourd’hui Cot (sans ô) est le seul nom retenu dans la nomenclature officielle. Auxerrois et Malbec sont, en français, des synonymes d’usage. A l’étranger, notamment en Amérique latine sous influence bordelaise, Malbec a détrôné Cot.

En 1833, Dans Flore d’Indre-et-Loire, Odart revient sur le Côt à trois reprises. Il le classe d’abord dans les cépages qui donnent les vins de qualité :
« nos vins de la côte du Cher [ont beaucoup d’analogies] avec ceux de Saintonge parce que le côq, si commun dans nos vignobles, l’est aussi dans ce dernier sous le nom de pied de perdrix  … »
mais aussi dans la composition des gros vins du Cher :
« Les gros vins, dits aussi vins du Cher, sont les plus abondants et ceux que les marchands achètent de préférence à cause de leur couleur bien nourrie, et parce qu’ils supportent bien le mélange avec des vins blancs ; dans cette même classe rentrent les vins de plusieurs cantons sur la rive droite de la Loire. Ils proviennent principalement d’un plant très répandu dans toute la France, appelé chez nous coq (on prononce ), et ailleurs plant du roi, Bourguignon, boucarès, etc ; sa végétation est vigoureuse ; il varie à pédicelle rouge ou vert (queue rouge ou verte) ; on lui adjoint généralement le groleau, plant qui paraît particulier au pays ; sa grappe est longue et presque cylindrique, tandis que celle du coq est ailée. »
Et enfin, un peu plus loin, il mentionne une Sélection particulière du Côt, vraisemblablement le Malbec :
«  Depuis une vingtaine d’années, on cultive de plus en plus un plant dit coq de Bordeaux, qui résiste mieux à la coulure. »

En 1816, André Jullien ne cite pas de côt en Indre-et-Loire mais il écrit que le cahors est présent dans le Loir-et-Cher. Il ajoute :
« Ces vins [noirs] que fournit le plant dit gros-noir sont épais et d’une couleur rouge tellement foncée qu’ils paraissent noirs. … Ces vins ressemblent par leur couleur à ceux qui portent le même nom dans les vignobles de Cahors, département du Lot ; mais ils en diffèrent, quant à la qualité. »

En 1866 la 5e édition de son ouvrage précise : « les vignobles de la côte du Cher sont entièrement peuplés de cépage rouge nommé cahors. »

Il ressort des écrits d’Odart et de Jullien que des Côts sont utilisés aussi bien pour produire des vins fins que des vins de négoce issus de gros rendements ; dans ce dernier cas, l’identification du cépage n’est pas assurée, confondu parfois avec des gros noirs teinturiers.

En amont et en aval de la Touraine :

On relève en 1868, chez Guyot les noms suivants :
dans la Nièvre : côt vert avec en synonyme douce noire,
dans le Cher : cot rouge, Cahors, cor, Périgord ou franc moreau,
dans le Loiret : cot,
dans le Loir-et-Cher : cot rouge, cot vert, cahors pour la confection des bons vins ou les vins d’ordinaire
en Indre-et-Loire : cot rouge
dans la Sarthe : cot
dans le Maine-et-Loire : cot
dans la Vienne : cot rouge, cot vert.

On relève aussi chez Jullien 1816/1866
dans la Vienne : caulis ou cot
dans l’Allier : cahors

Ces différentes mentions délimitent l’aire d’adoption du Côt dans la Loire, de l’Allier en amont à l’Anjou et au Poitou en aval. C’est dans la Loire centrale que le cépage est le plus présent. Dans l’Allier, la Nièvre, l’Orléanais, les côts n’ont pas prospéré. Leur présence en Anjou et en Poitou est réduite.
Deux séries de noms se dégagent, les uns formés sur une propriété (couleur), les autres sur la provenance récente ou ancienne des plants.

Lavignac G.  : Cépages du Sud-Ouest, deux mille ans d’ampélographie, s.l. 2001.

Publicité
15. Des Côts en Loire (1808-1868)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s