68. Aunis plutôt que Pineau

Vingt fois sur le métier … Les plus anciennes mentions du cépage, de 1756 aux environs de 1800, parlent d’Auny, d’Aunis, d’Onis, d’Ony (voir art. 57). Il n’est pas question de nom composé sur la base Pineau ou Pinot. Une exception cependant peut prêter à confusion : un pineau blanc ou aunis en Indre-et-Loire en 1808 mais les deux noms sont distingués. Il peut s’agir d’une complantation dans la vigne, ou d’un vin blanc issu du cépage aunis, ou encore d’un ou synonyme de et.

La façon de nommer Pineau/Pinot d’Aunis est plus tardive. Elle apparaît chez Odart en 1845 lorsque que celui-ci crée, à tort, une « tribu » des Pinots de Loire susceptible de former un contrepoids à celle des Pinots de Bourgogne.  Cette idée fera long feu, battue en brêche par les ampélographes du 19e s.,  mais elle a laissé deux traces toujours présentes dans les esprits, les noms  Chenin noir et Pineau d’Aunis.

Il serait donc plus conforme à la réalité historique de nommer ce cépage  Aunis.

A propos de ce cépage, souvent mentionné ici, voir les N° 60, 57, 51, 42, 32, 8 et 4.

 

 

68. Aunis plutôt que Pineau

5 réflexions sur “68. Aunis plutôt que Pineau

  1. Christophe Josso dit :

    Bonjour,
    Il faut que je lise tous vos articles !
    L’expression « Pineau blanc ou onis » de l’enquête du préfet d’Indre-et-Loire de 1808 pourrait confirmer l’identité du « Pineau blanc / Chenin » et de cet « Onis / Aunis », je penche depuis mes propres recherches pour un synonyme. Dans votre article sur « La présence du côt en Touraine », vous donnez pour Loché-sur-Indrois / Montrésor (#52) l’expression « Pineau blancou onis », avec la conjonction « ou » agglomérée à l’adjectif « blanc », est-ce la seule mention de l’Aunis dans cette enquête ? Parlez-vous de cette enquête dans d’autres articles ?
    Il y a régulièrement confusion dans les noms « Pineau [blanc / de la Loire] / Chenin blanc » et « Pineau d’Aunis / Chenin noir », les deux cépages étant sensés être proches alors qu’ils ne le sont pas. Il doit en être de même pour « l’aunis blanc et noir » du guérandais Magouët.
    Cordialement,
    Christophe Josso

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  2. Christophe Josso dit :

    Bonjour,
    Je vous contacte à nouveau au sujet du cépage Aunis dans la région de Guérande. On vient de me communiquer une mention plus ancienne de l’Aunis que celle de 1756, elle date du 13 mai 1540 :
    « Clos en Aunys seix planches de vigne »
    (série B n° 1479 des Archives Départementales de la Loire-Atlantique, Chambre des Comptes de Bretagne, aveu de Jehan de Sainct Gille, seigneur de Ranlieuc en Saint-André des Eaux). Je développerai plus tard, ce n’est pas la seule, je relis la doc.
    J’ai trouvé un document où le responsable départementale qui suivait l’expansion du phylloxéra a identifié l’Aunis de la région guérandaise comme étant du Chenin, il connaissait bien le cépage puisqu’il était des Coteaux d’Ancenis.
    Cordialement,
    Christophe Josso

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  3. Il ne fait aucun doute qu’auny et variantes désigne (aussi ?) le Chenin B. Vous m’avez convaincu à ce sujet et je reprendrai bientôt la question. J’ai pensé, à tort, pouvoir négliger la mention de la couleur, souvent trompeuse au 18e siècle. Certains aunys/aunis (et autres) blancs désignent bien un chenin. Reste à savoir si l’on distingue des aunis rouges indiscutables ; la question est rendue périlleuse par chenin noir qui ajoute de la confusion à l’incertitude.
    Pour ce qui est du texte de 1540 que vous mentionnez, il pourrait en effet bien désigner un clos de plants d’auny. A Chenonceau à la même époque les vignes du château sont désignées ainsi dans les comptes (art.n°2). Les quelques cas dont on dispose sont généralement au pluriel ; on s’attendrait à clos des auny(s). Ce sera plus clair quand vous connaitrez mieux le contexte de cette citation. Merci de votre communication de cette information.
    Bien cordialement

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  4. Christophe Josso dit :

    Bonjour,
    Au sujet de l’Aunis de Guérande (et Sarzeau, nom attesté aussi pour cette ville), les anciens de la région de Piriac / Mesquer (44) ont gardé en mémoire le souvenir d’un cépage blanc, qui ne peut donc pas être le Pineau d’Aunis, comme je vous expliquais. J’ai trouvé un agenda qui parle de l’Aunis en 1901, il a été cultivé au moins jusqu’à la Première Guerre Mondiale, ce qui explique que les anciens s’en souviennent encore, leurs grand-parents en ont cultivé. Nouvelle information de l’été, une personne âgée en a mangé dans son enfance, il en restait des résurgences dans les haies avant le remembrement, je l’ai interrogé sur le raisin. J’ai prospecté dans la zone indiquée, et j’ai trouvé un pied de vigne qui ressemble à du Chenin (l’Aunis a été identifié au Chenin au début XXe par le responsable du service phylloxéra du département). Je ne sais pas si une vigne a pu échapper au phylloxéra dans ce sol, j’en ferai des boutures et je le ferai identifier.
    Cordialement,
    Christophe Josso

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