Les cépages, dits de troisième époque parce qu’ils mûrissent quelque trois à quatre semaines après le Chasselas qui sert de point de repère pour fixer les époques, viennent bien à maturité dans le Midi de la France. En revanche, ils sont peu utilisés en Loire pour la table ou pour la cuve car ils sont trop tardifs. La Folle Blanche fait partie de cette catégorie.
Ce défaut a été transformé en qualité du 17e au 19e siècle, car les « vins de chaudière », c’est-à-dire ceux qui sont destinés à la distillation, doivent présenter peu de saveur, de l’acidité et un degré alcoolique peu élevé. En vendangeant tôt la Folle Blanche qui présentait en sus l’avantage d’être très productive, on a longtemps obtenu le produit idéal pour l’export d’eaux-de-vie, puis pour la confection du Cognac et celles d’autres alcools tels que des vins de liqueur (Pineau des Charentes) ou des mistelles.
Dans son remarquable ouvrage La vigne et sa culture, Louis Levadoux écrit (2e éd. 1966) que « ce cépage qui, sur ses propres racines se comportait remarquablement bien, s’est mis à pourrir dès qu’il a été greffé. L’Ugni Blanc ou Saint-Emilion des Charentes a pris sa place dans les Charentes et donne les eaux-de-vie de Cognac. Dans l’Encyclopédie du Cognac, a l’article Cépages, S. Ju.lliard précise que l’Ugni blanc est le Trebianno Toscano.
La Folle Blanche est donc à mettre au rang des cépages qui ne se sont pas relevés de la crise phylloxérique du 19e siècle.
Elle est néanmoins toujours présente aujourd’hui sous le nom de Gros Plant dans le Pays Nantais. Dans les sources antérieures à 1900, elle est présente sous de multiples noms tels que :
Gros Plant, rarement et par erreur muscadet, en Loire-Inférieure
Blancheton dans le Blésois (une fois en Orléanais), exceptionnellement Auvernat blanc tendre
Folle, Vigne folle, Folle Blanche quoique rarement en Indre-et-Loire
Folle Blanche dans les Deux-Sèvres, en Vendée et dans la Vienne (comme en Aunis et Saintonge : Charente et Charente Maritime d’où les plants ont été introduits).
Plus au sud, un autre nom très répandu exprimant la même idée que Folle etait Enrageat et ses nombreuses variantes, toujours parmi d’autres noms partagés avec des variétés très productives…
Voir n°86