Le Lignage, vieux cépage disparu du Val de Loire, refait surface…
En effet, Mme Virginie Grondain, du Pôle Val de Loire-Centre de l’IFV (Institut Français de la Vigne et du Vin), vient d’annoncer (sur FaceBook) qu’une parcelle expérimentale du cépage Lignage (dont elle assurera le suivi) venait d’être plantée au terme d’un long processus entamé il y a plusieurs années à l’initiative de l’URGC (L’Union pour les Ressources Génétiques de la Région Centre) et soutenu par l’association Agir pour les cépages.
Il nous faudra encore un peu de patience pour pouvoir goûter les premiers vins de Lignage. Après le Genouillet, découvrir ce cépage local dont les antécédents demeurent inconnus (hormis une parenté avec le Tressot N bourguignon anciennement très présent dans le vignoble orléanais mais aussi avec le Camaralet femelle B plus lointain) est une nouvelle réjouissante.
Les avis anciens sur le vin étaient partagés mais c’était le cas très souvent car les objectifs et les pratiques des gens de la vigne étaient très divers et contradictoires. Un cépage réputé ici pouvait être dit médiocre ailleurs (et vice-versa) selon que l’on recherchait la qualité ou à la quantité. Les exemples sont nombreux, touchant aussi bien le Blancheton (Folle Blanche) que l’Auvernat (Pinot) dans le vignoble orléanais. Attendons, donc. Il est vraisemblable que, dans cette nouvelle vigne, l’on s’attachera à la qualité plutôt qu’à la quantité comme c’est le cas pour le Genouillet ou le Côt réhabilités.
Le nom lignage est connu dès la fin du Moyen Âge dans l’Orléanais. Plus tard, on trouve les vignes cantonnées dans le Blésois et l’est de la Touraine (là, sous le nom de macé/massé doux. voir n°95) au 19e siècle avant la disparition du cépage du vignoble, laquelle paraît antérieure à la crise phylloxérique. Le Lignage pourrait avoir été supplanté vers 1850 (ou avant) par l’introduction du Pineau d’Aunis dans le Loir-et-Cher et par la propagation du Grolleau en Indre-et-Loire, accélérée dans les décennies 1880-90 par le phylloxera (hypothèses à verifier).
Lignage est un terme de maniement délicat car il a longtemps désigné à la fois un cépage et un vin d’assemblage (n°67). Les nombreux textes qui mentionnèrent des vins de lignage renvoyaient souvent à des vins de consommation courante issus de mélanges et pas à des vins de mono-cépage .
On peut voir à ce sujet l’étude de Samuel Leturcq dans la revue en ligne Crescentis 6, parue en décembre dernier, numéro contenant un dossier consacré aux cépages.
Plus :
voir infra articles 27, 67, 95, 110
Henri Galinié, Lignage ou Macé doux… https://shs.hal.science/halshs-01985637/document Samuel Leturcq, De la théorie à la pratique, penser et nommer les sources dans les vignes médiévaleshttps://preo.u-bourgogne.fr/crescentis/index.php?id=1484
Cépages de Loire 